Dans la mouvance des films que j’aime partager, voici Beijing Bicycle.
Ours d’Argent à Berlin, Grand Prix du Jury, ce film au scénario simple, vous entraîne dans le Pékin d’aujourd’hui, entre hutongs traditionnels et gratte ciels écrasants et raconte la vie difficile de jeunes hommes que tout séparent, et qui pourtant se retrouvent autour d’une bicyclette, objet d’ascension sociale pour l’un, objet d’appartenance à une bande pour l’autre..
Un drame fort, à la réalisation parfaite, et des personnages très attachants (Li Bin et Cui Lin ont reçu le Prix du meilleur Jeune Acteur à Berlin en 2001)
Récit
Synopsis
Tout juste débarqué de sa campagne, le jeune Guei trouve rapidement un travail dans cette jungle urbaine qu’est Pékin : il est engagé comme coursier, on lui confie un vélo, et dès ses premiers jours il multiplie les courses. Pour lui, réussir à vivre dans une ville comme Pékin relève du tour de force. Aussi ce n’est pas sans fierté, après avoir durement travaillé, qu’il se trouve sur le point de pouvoir racheter le vélo, et d’en devenir enfin propriétaire. Tout s’effondre le jour où on lui vole son seul outil de travail…
Wang Xiaoshuai signe une petite merveille à la fois impressionniste et sociopolitique qui, en creux, radiographie la situation des Pékinois d’aujourd’hui. La mise en scène, épurée et inventive, permet d’échapper au didactisme qui menaçait d’étouffer cette singulière histoire de cyclistes juvéniles…
A Beijing, on le sait, nul besoin d’y être allé, il y a des pékins. Des jeunes, venus de la campagne, certains de trouver à la ville ce qu’ils n’avaient pas au village. Guei est de ceux-là. Il a 17 ans, il devient coursier, chevauchant un superbe vélo tout-terrain qui lui est prêté par la société mais deviendra sien sitôt qu’il aura gagné assez d’argent. Le jour vient et là, catastrophe, Guei se fait piquer sa bécane. Plus de travail, plus de raison d’être, plus rien.
Voilà qui rappelle vaguement quelque chose, en effet. Sauf que le film, laissant pour un moment Guei à sa recherche du vélo perdu, s’intéresse alors au voleur. Il s’appelle Jian et doit avoir à peu près l’âge du volé, mais il porte une jolie cravate rouge, il est étudiant, et s’il n’a peut-être pas dérobé l’engin, il l’a acheté en connaissance de cause… avec l’argent que son père avait mis de côté pour payer les études de sa jeune sœur (argent qu’à l’origine il destinait à l’achat d’un vélo pour Jian, qui ainsi peut, pense-t-il, justifier son vilain geste). Vélo volé, vélo trouvé, volé voleur, voleur volé, le film décline ces variations avec une certaine virtuosité, sans oublier jamais de donner de Beijing des aperçus ensoleillés, jolies rues bordées d’arbres, immeubles modernes écrasants semblables à ceux qui ont poussé dans toutes les capitales, ruelles où des vieux assis par terre jouent aux dés ou à ce qui leur plaît, où des gamins ouvrent des yeux ronds comme des billes en assistant aux poursuites et aux tabassages qui en marquent généralement le terme.
Quand on a vécu à Pékin, on ne peut qu’aimer ce film (à voir en VO of course!). Les accents pékinois, les vieux qui jouent aux dés dans les hutongs, le lac XiHai, les embouteillages, les vieux immeubles grisâtres des années 80, et les vélos !
Même si la voiture prend une place de plus en importante en Chine, le vélo reste un moyen de locomotion d’une part très utilisé, mais également un objet de statut social. Je me souviens de mon Ayi (femme de ménage) à Pékin, qui m’avait annoncé à l’époque, des larmes dans les yeux, qu’elle avait acheté un vélo électrique avec le Hong Bao (littéralement enveloppe rouge, contenant des étrennes que l’on donne au moment du nouvel an chinois) que je lui avais offert.
Ce film montre les aventures malheureuses de Guei, un jeune migrant tout fraîchement débarqué dans la grande ville, qui se fait embaucher comme coursier pour une entreprise de kuaidi (= livraison rapide). Interprété par Cui Lin, le personnage principal est un peu benêt, mais on ne peut lui en vouloir car il vient de sa campagne et se retrouve complètement perdu dans cette immense métropole impitoyable. Le film est composé de duos, voire d’affrontements. Le jeune migrant et le jeune étudiant / Le jeune migrant et son protecteur à Pékin, le vieil épicier / Le jeune étudiant et la jeune étudiante (Qin, interprétée par Zhou Xun), les migrants et la citadine qui les fait rêver…. Mais ces duos sont aussi sources de confrontations où l’argent, le désir de réussite sociale, vont perturber la vie des protagonistes.
On a envie parfois de baffer les personnages, certains pour leur dire de se secouer et de se battre, d’autres pour leur insolence…
Film fort, émouvant, qui est entre le drame, la critique de la société moderne étouffante, le reportage.. Bref, un excellent moment de cinématographie. Censuré en Chine, on le trouve dans les bons magasins malgré tout.
Plus d’info
il y avait un exemplaire d’ocas sur amazon , je viens de le faire mien !
mes impressions après vision , ming tian ;-))
Réussir à trouver sa place dans cette société, l’objectif de chacun ! Un ours d’argent bien mérité pour l’équipe !
ça a pas l’air d’être mon genre de film, mais si ça peut me permettre de « découvrir » Pékin…
Sinon l’actrice jouant l’étudiante, je suis quasiment sur de l’avoir vu dans une série Japonaise…
Je doute d’aller voir le film, par contre j’adore l’affiche.