Dai Sijie, vous connaissez ? Mais si, c’est l’auteur de Balzac et la petite tailleuse Chinoise, ce très beau roman plus ou moins autobiographique de l’écrivain Chinois qui a fait ses classes en France.
Après le succès du roman cité ci-dessus, Dai Sijie est passé du côté de la caméra pour ce film traitant d’un sujet tabou, l’homosexualité dans la Chine contemporaine, mais non débarrassée de ses influences confucéennes au sein de la famille ni de ses pressions idéologiques au sein du parti.
Synopsis :
Dans la Chine des années 80, tous les tabous ne sont pas levés.
Min, une jeune orpheline, part faire ses études chez un botaniste de renom. Homme secret et père autoritaire, son professeur vit sur une île qu’il a transformée en jardin luxuriant. Contrainte de partager cette vie solitaire et effacée, sa fille An accueille avec joie l’arrivée de l’étudiante. Très vite complices, les deux jeunes femmes voient leur amitié évoluer vers une attraction troublante, sensuelle et interdite.
Incapables de se séparer, Min et An imaginent bientôt un dangereux arrangement pour continuer à partager le même toit…
Le film, qui a été tourné au Vietnam pour faute d’interdiction en Chine (l’homosexualité est encore tabou en Chine) nous plonge dans un univers poétique typiquement chinois, avec 3 personnages principaux qui créent une tension que l’on sent dès le début du film.
Min, campée par l’actrice française Mylène Jampanoï (Les Rivières pourpres) est une orpheline rebelle débarquant dans une école de médecine traditionnelle chinoise par les plantes. Elle subit la pression permanente du maître des lieux, le père veuf de An (jouée par Li Xiaoran), donc elle même orpheline, jouant pour son père le rôle de fille unique (son frère est parti à l’armée), d’épouse (pour la cuisine) et de bonne à tout faire…
3 personnages, 3 caractères : La domination, la soumission, la rebellion.
Les figurants sont pour la plupart Vietnamiens, et les paysages sont ceux d’Hanoï, mais cela n’enlève pas grand chose à l’esprit chinois présent dans ce film, la poésie de Dai Sijie, la force des caractères, rappellent ceux de La Petite Tailleuse.
La photographie du film accentue, par sa douceur, sa beauté et son calme, la tension des protagonistes. Le rôle du frère, militaire, rajoute à la tension, et la fin est peu prévisible.
Je vous recommande ce film très vivement, car il s’agit d’une poésie dramatique, mais sans être ancrée dans une quelconque temporalité. Et ce n’est pas le but du réalisateur d’ailleurs, dont l’interview suit ci-dessous.
Malgré quelques passages un peu improbables, le film se tient sur la longueur et l’on passe un beau moment de cinéma, même s’il vous faut préparer les mouchoirs…
Secrets de tournage
Un cadre peu important
Bien que le film se déroule dans la Chine des années 1980, Dai Sijie souligne que ces points d’ancrage n’ont qu’une importance très relative et que le sujet des Filles du botaniste rend le long métrage intemporel. « L’important tient dans les rapports qui lient les personnages. Même les rapports entre Cheng An et le botaniste sont très classiques : elle ne peut pas quitter son père ni son jardin. Lui le sait et s’en sert. C’est là une autre forme d’amour, de l’amour filial, que l’on rencontre dans toutes les sociétés et à toutes les époques ».La Cité interdite
Les Filles du botaniste, censé se dérouler en Chine, n’a pourtant pas pu compter sur l’administration du pays pour lui fournir financement ou même emplacement pour planter ses décors. La raison ? Selon Dai Sijie, « du fait du sujet, nous ne pouvions pas faire appel à une maison de production chinoise : elle n’aurait pas eu l’autorisation de s’investir dans ce film car l’homosexualité est un sujet tabou en Chine ». La productrice Lise Fayolle a donc du trouver, non sans mal, des investisseurs ailleurs : en France et au Canada.
De même le réalisateur souhaitait tourner en Chine mais n’a pas reçu les autorisations nécessaires. Il a donc dû poser sa caméra au Vietman. Aucun regret, cependant ; « les décors naturels y sont somptueux et très proches de ceux de la région chinoise où nous comptions filmer : la nature se fiche complètement des frontières ! »
Précision de Dai Sijie dans son interview, il prend bien garde de pas se mettre contre le gouvernement en expliquant que son film est surtout artistique..
J’ai beaucoup aimé ce film, la beauté de ses images, la luxuriance de l’ile, même s’il m’a laissé un goût très amer.
En fait il est déchirant, violent mais très beau. Est-ce que tu as vu printemps, été, automne, hiver et printemps ?
J’aime beaucoup tes photos.
Bonne continuation