Si vous aimez la Chine,
Si vous aimez les voyages en train,
Si vous aimez la poésie,
Alors vous aimerez très certainement le livre de Max Férandon, auteur canadien qui sort son premier roman le 13 janvier prochain.
Tous les matins, Monsieur Ho, fonctionnaire discret aux ordres de Pékin, met son complet taillé sur mesure, noue sa petite cravate et se rend au ministère. Une routine bien huilée, qui commence invariablement par un thé Long Jin avec sa femme. Jusqu’au jour où on lui confie une mission toute particulière : compter ses compatriotes ! Recenser 1,3 milliard de Chinois, peuple aussi disparate que passionnant, à bord de la locomotive mythique de Deng Xiaoping.
À bord de ce train tout droit sorti d’un livre d’histoire, Monsieur Ho et son fidèle chauffeur Wei Bei se lancent dans un voyage extraordinaire, à la rencontre des mille visages de l’Empire du Milieu. Ils y croisent un passeur d’herbe aux allures de chamane, un gardien de prison rêvant de s’évader, un chef de gare qui n’a jamais vu l’ombre d’un train et une photographe amoureuse du vide…
Tout à la fois roman initiatique, conte moderne et regard décalé sur un étrange pays en devenir, Monsieur Ho nous entraîne avec humour et poésie dans la Chine contemporaine, des chantiers monstrueux de Shanghai (« utopie en béton » où les gens qui construisent la ville n’ont pas de toit sur la tête) aux campagnes profondes, jusqu’aux confins de la steppe mongole peuplée de nomades, où même les rails disparaissent. Dans ce périple s’immiscent les souvenirs de Monsieur Ho et le fantôme de son père.
Le premier roman de Max Férandon nous plonge au cœur d’un pays riche de mille facettes et contradictions. Dans son voyage à la rencontre de mondes ignorés, Monsieur Ho, tel un « Petit Prince » chinois, vogue sans cesse entre noirceur et lumière.
Ce livre se lit très vite, (presque trop) mais est globalement agréable..
On regrette un peu parfois les caricatures des situations, Monsieur Ho ne rencontrant que les laissés pour compte de la Chine moderne… celle là même, d’après l’auteur, où tous les membres du gouvernement sont les méchants, et le peuple l’opprimé… gentil…
Cependant, on se croirait parfois dans du Boris Vian (L’écume des jours par exemple) car le roman est très bien écrit, rempli de poésie assez surréaliste mais bien trouvée… Monsieur Ho est un poète, faisant des cauchemars venus du temps des Gardes rouges qui emportèrent son père au fin fond des steppes de la Mongolie intérieure, précisément là où finit le voyage de Monsieur Ho.
Max Férandon
Max Férandon est né en 1964 dans une jolie carte postale du centre de la France, le petit village de Lavaufranche. Il garde de son enfance dans la Creuse un souvenir poétique dont il s’inspire pour écrire ses histoires. Une traversée de l’Atlantique, en 1988, l’amène au Québec, où il est resté. Monsieur Ho est son premier roman.
- Sortie prévue le 13 janvier
- 17 €
- 160 pages
- Chez Carnets Nord
« – J’aime les bouts de Lune sur la Terre. Un jardin, c’est ça, un petit miracle de feuilles, quelques rangs silencieux au milieu de rien. Ceux des gares me fascinent, mais ne me demandez pas pourquoi, dit-elle.Ces paroles devinrent dans la bouche du traducteur :– J’aime les bouts de Terre sur la Lune. Un jardin, c’est ça, un miracle en petites feuilles, quelques rangs de rien au milieu du silence. Mais ne me demandez pas pourquoi je fascine les gares.Monsieur Ho songea que les Occidentaux possédaient un bien étrange sens de la poésie. » Page 103
« Les chaînes de restauration rapide poussaient comme des champignons après la pluie. Ces restaurateurs étrangers, aux bannières colorées, prétendaient certes répondre à l’appétit de leurs clients, mais aussi étancher leur soif de nouveauté. En moins de deux décennies, des millions de Chinois étaient passés de la frugalité à la goinfrerie sous la lumière des néons. » Page 25
« Au-delà du bête inventaire des âmes, la Chine ressentait un besoin pressant de dessiner son propre portrait. Le communisme et le capitalisme habitaient désormais sous un même toit, tout en faisant chambre à part. Et, bien que les Chinois n’en fussent pas à une contradiction près, ils ressentaient les symptômes d’un mal étrange nommé identité. » Page 27
« Sur le quai, une délégation du comité central se tenait debout, malgré les courbatures et le grand âge de ces vieux représentants de l’autorité aux os effrités. On pouvait noter au parterre la présence de deux télévisions d’État et du très ambassadeur de France à Pékin, Monsieur Charles Comptois, grand amoureux de la Chine et un peu de lui-même aussi. Les cinq wagons de somme et les deux voitures de villégiature mirent un temps infini à se déplacer, tant la locomotive avait le démarrage hésitant en raison de vieilles douleurs mécaniques. Une situation presque gênante pour une nation filant à cent à l’heure. » Page 35