Continuons notre promenade dans le Fujian, cette province du Sud de la Chine, en face de Taïwan, mais éloignons nous des côtes pour nous enfoncer dans les montagnes et la jungle verdoyante de l’intérieur des terres et découvrir un trésor du Patrimoine mondial de l’Humanité… Là où vivent encore les Hakkas…
Le site des Tulou du Fujian, comprend 46 maisons de terre, construites entre le XVe et le XXe siècle et disséminées sur plus de 120 km dans le sud-ouest de la province de Fujian, dans l’arrière-pays du détroit de Taiwan.
Pour les visiter, rien de mieux que de louer un moto taxi, qui vous emmènera partout
La route vaut le détour, les paysages sont splendides et les rencontres déconcertantes
Au fil de la route
Dressées au milieu de rizières, de champs de thé ou de tabac, les tulou sont des habitations en terre de plusieurs étages. Circulaires ou carrées, elles sont orientées vers l’intérieur et pouvaient abriter jusqu’à 800 personnes.
Le coucher du Soleil donne une couleur orangée aux bâtisses de terre.
Vue de la cour intérieure d’un tulou
Elles ont été construites dans un but défensif, autour d’une cour centrale avec des fenêtres ouvertes vers l’extérieur seulement à partir du 1er étage et une seule entrée. Servant d’habitation à tout le clan, les tulou fonctionnaient comme des entités villageoises et étaient aussi appelées « petits royaumes familiaux » ou « petites villes prospères ».
La plupart des tulou touristiques (donc entrée payante) ne sont plus habités. Préférez les tulous éloignés, pas sur les guides, mais tellement plus authentiques.
Les tulou présentent des murs de boue fortifiés couverts par des toits de tuiles avec de larges avant-toits en surplomb. Les constructions les plus élaborées datent des XVIIe et XVIIIe siècles. Les bâtiments étaient divisés verticalement entre les familles qui disposaient chacune de deux ou trois pièces à chaque étage.
Paysage du Fujian, dans la région de Yongding
Au fond à gauche, le « roi » des tulou, le plus grand, pouvant accueillir plus de 1 000 personnes !
Contrastant avec l’aspect sobre de l’extérieur, l’intérieur des tulou étaient conçu pour le confort et souvent richement décoré. Ces édifices sont inscrits en tant qu’exemples de bâtiments exceptionnels de par leur taille, leur tradition de construction et leur fonction, ils constituent un exemple unique de peuplement humain, fondé sur une vie en communauté et des besoins défensifs tout en maintenant une relation harmonieuse avec leur environnement.
Un tulou vu de nuit. Pour information, il est possible de passer la nuit dans un tulou. Confort spartiate, horaires fixes (les portes sont fermées à 22h) mais charme garanti !
Une chambre dans un tulou
Au rez de chaussée, les cuisines de chaque famille
On suspend les aliments pour éviter que les chiens ne les mangent… (et pas l’inverse ?)
Cuisine au feu de bois
L’entrée du tulou du centre du district, c’est dans celui-ci que vous passerez une nuit
Le linge est encore lavé dans la rivière voisine
Seuls les étages supérieurs comportent des fenêtres, pour éviter les attaques extérieures.
Dans la rue, on fait sécher le riz
Pour visiter les tulou, départ de Xiamen en bus (gare du nord). Trajet d’environ 4 heures dans les montagnes.
Attention, il n’y a aucun DAB dans les environs. Le seul disponible est UnionPay, et pas Visa
En savoir plus :
Vidéo extraite du site de Camille
Les Hakka :
Les Hakkas (chinois: 客家人 ; hakka : hak-ga-ngin ; pinyin mandarin : kè jiārén, littéralement « familles invitées ») sont des Chinois Han vivant dans le sud de la Chine, qui se considèrent comme les lointains descendants de réfugiés originaires des provinces du Henan, du Shanxi et du nord du Hubei. Chassés en vagues successives à partir du IIIe siècle par les guerres accompagnant les changements dynastiques dans la région environnant les anciennes capitales de Luoyang et Chang’an, les ancêtres des Hakkas auraient fini par s’installer, après une migration interrompue de haltes, dans une zone située à la rencontre des provinces de Guangdong, Fujian, Jiangxi et Guangxi , où ils reçurent leur nom actuel. Il existe également des habitats hakkas dans le Hunan, le Guizhou, le Guangxi et le Sichuan. Constamment à la recherche de meilleures terres, certains sont repartis pour Hainan et Taïwan ou l’une des nombreuses enclaves chinoises à travers le monde. Ils constituent, par exemple, la majorité de la population d’origine chinoise des départements et territoires français d’Outre-mer, comme Tahiti ou l’île de la Réunion.
Toujours légèrement en arrière par rapport au mouvement général d’expansion des Han vers le sud, ils ont souvent dû se contenter des moins bonnes terres, ce qui a déterminé un certain nombre de leurs caractéristiques culturelles, comme la frugalité et l’ardeur au travail. Avec peu de perspectives de prospérité d’origine terrienne, les hommes hakka se tournaient plus souvent que les autres vers la carrière militaire, le commerce itinérant ou les études en vue d’un poste de mandarin, laissant aux femmes une grande partie des travaux de la terre. Très présents dans l’armée et l’administration, plus éduqués en moyenne, les Hakkas ont eu une influence significative sur l’histoire chinoise à laquelle ils ont donné de nombreux leaders politiques et révolutionnaires. Les femmes hakka n’avaient presque jamais les pieds bandés.
La langue hakka, qui comprend quelques variantes phonologiques, diffère très nettement du cantonais ou du minnan parlés par les populations voisines des Hakkas. La forme du district de Meizhou a été choisie comme standard. Réunis, les différents dialectes hakka compteraient entre 90 et 100 millions de locuteurs.
Les Tulou, construit par les Hakka, ont été inscit par l’UNESCO sur la Liste du patrimoine mondial en 2008.
qu’est-ce qu’ils font pour se proteger contre les fleches s’ils ont un grand trou au milieu?!?!?!
better fix that up before the next WAR.
Ton reportage est très intéressant. Je te signale qu’il existait en France ce type d’habitat collectif et communautaire sous le nom de familistère. Si tu vas sur google tu trouveras des photos du familistère de Guise.
super article, si les Tulou ont été nommé par l’UNESCO, c’est en partie grâce à CFPA http://www.china-fpa.org/ qui en avait souvant parlé dans sa rubrique architecture…
Merci Petri 😀
🙂 Très interessant, je pensais aller vers Kashgar (voir ce qu’il reste de la vieille ville ?) , je pencherais vers le Fujian, ces habitations font du bien à voir, la Chine détruit son patrimoine. Je suis 1 femme seule en voyage (64 ans) (suis allée 2 fois en Chine) je suis intéressée par le sujet hors lieux touristiques. Y a t il des choses spécifiques à savoir sur le plan pratique ? Merci. sophie
je suis super honorée que mes contenus soient encore référencés 🙂 merci Charles. Une bien belle destination en effet…