Dans les livres dont on parle (ou dont on a parlé), il y a Shanghai Baby, le roman autobiographique d’une jeune auteur(e) shanghaienne publié en 2001 et qui a fait scandale par sa vision alors débridée de la société shanghaienne…
«Dans mon époustouflant roman, je révélerai le véritable visage de l’humanité, sa violence, son raffinement, son érotisme, son exaltation et puis ses énigmes, ses machines, son pouvoir et sa mort.» L’aveu de Coco, l’héroïne de Shanghai Baby, est un programme en soi. Ambitieux, comme l’auteur de ce roman «semi-autobiographique», la provocante Weihui.
100 000 exemplaires vendus, trois fois plus si l’on compte les copies pirates. Et les foudres du gouvernement qui résultèrent en une interdiction de son roman, et de celui de Mian Mian par la même occasion. Des livres vulgaires qui décrivent «des vies dissolues», selon les termes de l’organe de presse officiel, la China News Agency.
Livre qui a eu tellement de succès qu’il a été adapté au cinéma.. Critique.
Présentation de l’éditeur
Shanghai Baby, interdit, saisi et pilonné dans son pays comme au bon vieux temps de la Révolution culturelle, bouscule hardiment les tabous et souffle un vent nouveau et provocateur sur la Chine.
Coco, une jeune femme sans complexes animée d’une prodigieuse soif de vivre et de tout découvrir, raconte le roman de sa vie, aimantée par ces deux pôles que sont Tiantian le frère de cœur, peintre fragile et impuissant, et Mark l’amant allemand. Pour décor, Shanghai et le goût de ses nuits scintillantes. Et pour moteur, les rencontres, les questions, et par-dessus tout le désir de faire entendre sa voix, la lumière d’un regard clair et franc sur le monde.
Servi par un rythme de narration original et une écriture jonglant avec poésie occidentale et chanteurs pop, Shanghai Baby est le roman d’une » femme jeune et jolie, qui dit ce qu’elle pense » et revendique haut et fort sa liberté. En dépit de la censure, il ne cesse de trouver d’innombrables lecteurs, faisant de Weihui un phénomène national. Tant il est vrai qu’à ce jour aucun écrivain n’a provoqué un tel remue-ménage en Chine.
Si d’habitude, les livres que je présente sur ce blog (voir la rubrique Lire) sont ceux que j’ai appréciés, en revanche, je ne vous recommande pas du tout la lecture de celui-ci.
Dans un style qui n’en est pas un, avec une histoire nombriliste qui n’intéresse personne, Wei Hui nous raconte la naissance de son roman, les doutes qu’elle n’a pas quant à son immense talent d’écriture, sa relation amoureuse avec son copain impuissant, ses relations vaginales avec son amant allemand (marié)..
Bref, le seul intérêt que je trouve à ce livre, c’est qu’il a été écrit il y a 10 ans, et qu’alors, je peux comprendre qu’il ait pu choquer et marquer les esprits. Cependant, aujourd’hui, avec la nouvelle vague d’écrivains, je ne peux vous conseiller de ne pas perdre de temps avec ce livre, dont on m’a dit d’ailleurs que le film (que je n’ai pas encore vu) était également insipide.
On préfèrera les romans policiers de Qiu Xialong ou les récits de Leslie T Chang (critique à venir prochainement).
D’une manière générale, sur la création artistique en Chine, j’ai souvent remarqué que de nombreux Chinois pensent être artiste (de talent) parce qu’ils créent quelque chose. Que ce soit cette amie qui m’avait montré le court métrage qu’elle avait réalisé et dont elle était très fière (film sans parole, mêlant tous les clichés possibles des effets vidéos, où rien ne se passe) ou cette autre me montrant ses peintures (dignes de cadeau à sa mère d’un enfant de 4 ans).
La révolution culturelle ayant réduit toute créativité, l’apprentissage même de la langue et le système scolaire sont à mon avis autant de freins à la créativité en Chine, donnant alors à chacun l’impression d’être un grand artiste car il a fait quelque chose qu’on ne lui avait pas appris.
De la même manière dans la photographie, tous les portraits de mode sont tous identiques, il n’y a que peu de différenciation et de personnalité dans la façon de traiter les infos, cela s’applique notamment dans le marketing des marques de luxe comme l’analyse très bien Michel Gustatz sur son blog BrandWatch
Honnetement, je n’ai pas reussi a aller a plus de la moitie et une amie chinoise m’a dit que c’etait deja beaucoup pour un mec. 🙂
Je n’ai pas supporte le style non plus. J’ai arrete de lire apres avoir lu cette phrase dont je me rappelle encore : « Shanghai winter is wet and disgusting, like a woman’s period ».
— Woods
haha, « Mao likes Internet »
Tu ouvres ici un débat intéressant. Comme tu le dis, l’intérêt réside dans le fait qu’il a été écrit il y a près de 10 ans. Ce qui est plus marrant, c’est qu’une bonne partie de ce qui en faisait une provocation à l’époque, s’est diffusé dans les mœurs chinoises depuis, à mesure le pays s’ouvrait aux étrangers et que les jeunes chinois partaient à l’étranger. Car à le relire, les comportements décrits n’ont pas ou peu changés, au contraire. Enfin, on peut y voir l’évolution à chaque génération de l’approche de l’étranger par les Chinois (de la belle mère qui a immigré en Espagne, à sa belle-fille qui sort avec un étranger).
Un autre livre qui traite des mêmes sujets, le génial Brothers : http://bit.ly/1Y7smc (Amazon.fr) dont il faut également lire la critique sur le NY Times pour comprendre la difficulté de compréhension et de traduction entre la Chine et l’occident: http://bit.ly/DG4St
Aaaah, je l’ai deja lu, et ai adore… 🙂
Moi j’ai aimé ce roman , a chacun de l’adapter à sa propre sensibilité 😉