Après Vivre!, voici un nouveau film que je vous recommande, Blind Mountain (盲山), de Li Yang, qui réalise ici son premier film.
Un drame poignant inspiré d’histoires vraies, celles de centaines de milliers de femmes kidnappées, et vendues comme esclaves sexuelles et comme « mères porteuses » dans la Chine d’aujourd’hui.
Bai Xuenei, jeune étudiante du Sud de la Chine, tout juste diplômée de l’université, se fait avoir par l’un de ses « marchands ». Elle est vendue (pour 700€) à une famille de paysans du Nord de la Chine pour devenir l’épouse d’un villageois. Violée, frappée, elle mène la vie d’une esclave sexuelle, sans espoir de pouvoir quitter ce village entouré de montagnes. L’apathie et l’égoïsme des villageois l’empêchent de trouver en quiconque la moindre aide pour l’aider à s’échapper.
Outre l’aspect instructif sur les paysages, l’architecture et la façon de vivre dans les campagnes de Chine du Nord, ce film est l’un des plus intéressants à mon avis sur la Chine contemporaine.
Réalisé en 2007, il a obtenu le prix « un certain regard » du Festival de Cannes » et nous montre l’organisation d’un village perdu, obligé d’acheter des femmes, tant le déficit féminin est immense (conséquences de la politique de l’enfant unique, dans les villages, les filles sont souvent jetées et tuées à leur naissance, les garçons étant plus utiles dans un foyer). On y découvre pèle mêle le rôle du chef du Village, typiquement le patriarche atterri là par ses relations, ne faisant rien de ses journées que de décider de la vie de chacun au village, les relations au sein de la famille, l’importance pour la grand mère d’avoir une bru qui donnera naissance à un fils, la dure vie de labeur paysans…
Bref, un film touchant, mêlant une bande son splendide à des images qui font rêver, mais entrecoupé des scènes de la vie quotidienne très dures. Cette jeune femme, à qui on a volé sa carte d’identité pour l’empêcher de fuir, éduquée, qui se retrouve seule dans ce village de bouseux qui ont arrêté l’école à 14 ans (car ce n’est que récemment que l’école est gratuite dans les campagnes) ne sait comment s’en sortir. Même les autres jeunes femmes qui ont été achetées avant elles, ont abandonné l’idée de s’enfuir.
Tout le long du film, une certaine tension, due à l’attente du dénouement. Que peut-elle faire ? Se suicider ? Se résigner ? Tuer son « mari » ?
Le plus intéressant dans tout cela, est que l’on a également du mal à en vouloir aux villageois qui l’ont acheté. S’ils n’ont pas de femmes, pas de descendance, qui prendra soin de leur vieux parents ? Qui permettra au village de survivre ? La situation est dramatique car on ne sait comment la régler. Les villageois vivent une situation imposée par le parti, et on ne peut nier leur désespoir.
A voir absolument.
PS. En faisant des recherches sur Internet, je me rends compte que ce film n’est pas encore sorti en salles en France, donc il vous faudra également patienter pour le DV.. Mais dès qu’il sort, foncez !
(C’est bien pour cela la Chine, j’ai déjà le DVD à moins d’1 € et en avance… 😉